En 1919, il y a eu ce texte en prose : “les champs magnétiques”. C’était en une période bien spécifique que Breton a écrit ces textes avec Soupault. Ce recueil de textes en prose a une connotation très spécifique parce que selon Breton lui-même, il s’agit du premier texte surréaliste en tant que tel puisque c’est en ce texte que l’écriture automatique commence à se manifester au vrai sens du mot.
“Les champs magnétiques” sont un ensemble de textes où il s’agit de passer une sorte de message qui consiste en ceci : la poésie est censée se confondre avec la vie. “Les champs magnétiques” sont des textes qui n’ont aucun lien entre eux, de plus , bien qu’ayant été écrits à deux, à aucun moment, on ne peut deviner qui de Breton ou de Soupault a écrit tel mot ou a fait passer tel message. En fait cette symbiose est bien voulue de la part des deux auteurs.
A la fin de la guerre, il y a eu une impression de tâtonnement vague ou certains soldats revenant de guerre ne savaient plus s’orienter et sont demeurés pendant une certaine période obsédés par une sorte d’inutilité dont ils ne parvenaient pas à se défaire. Breton qui a vécu lui aussi ces moments hagards vivait comme en demi-sommeil, dans une vie quasi irréelle, entre le rêve et une réalité repoussée, peut-être s’agit-il d’une sorte de douce folie, mais qui ne manque pas de poésie.
C’est à cette époque que Breton fréquente Soupault et ils essaient ensemble à s’entraîner à ce qui sera par la suite considéré comme “l’écriture automatique”. Les deux partenaires en écriture, si on peut les appeler ainsi ont écrit ensemble des pages entières jusqu’à atteindre un état de frénésie en s’interdisant de raturer ou corriger quoi que ce soit à leur premier jet et en laissant les mots s’assembler à leur guise.
Par la suite, il a fallu choisir un titre, alors, les deux auteurs qui ont d’abord pensé à “les précipités”, en allusion, sans doute, à la précipitation dont les mots ont été écrits par les deux auteurs. “Les champs magnétiques” demeurent une référence dans la création littéraire surréaliste de par l’originalité du type d’écriture et la richesse du vocabulaire aussi hermétique que significatif.