Ce recueil poétique interpelle de par son titre où il y a une sorte de renversement par analogie avec “clair de lune”. On ressent alors qu’il sera inévitablement question d’un texte original où il y aurait des surprises certaines du point de vue choix des mots et de versification. Il s’agira donc de vers où cette écriture automatique est pressentie dès le premier vers. En effet, Breton qui a souvent laissé entendre qu’il refusait l’écriture narrative, n’a pas publié les poèmes de “clair de terre” dans un recueil unique, mais les poèmes ont été publiés séparément dans des revues différentes. Il n’y a pas de manuscrit unique pour ce recueil, mais un manuscrit autonome par chaque poème du recueil, que ce soit “pièce fausse”, ” le cerveau de l’enfant” ou buvard de cendre”, à chacun sa particularité et son histoire propre.
A titre d’exemple, le poème “tournesol“, faisant aussi partie de ce recueil, est une sorte de transcription d’une vision, une rencontre qu’il a faite avec une jeune femme : Jaqueline Lamba, peintre et décoratrice qui sera sa compagne pour une certaine période par la suite. Le côté original de ce poème en particulier se rapportant à la rencontre en question, consiste dans le fait qu’il ait été écrit, avant la rencontre elle-même, ce qui prévaudrait à croire que Breton ait des dons prémonitoires. Ne pas oublier de citer les reproductions de tableaux de peintres de l’époque qui illustrent ces poèmes : une eau forte de Picasso et une reproduction d’un tableau de Giorgio De Chirico entre autres. Les tableaux accompagnant l’œuvre écrite montrent à quel point la littérature et la peinture se rejoignent dans le courant surréaliste.